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31 juillet 2012 2 31 /07 /juillet /2012 07:20

seddouk-ouadda-copie-1.jpgTaghzouyth est un village situé entre la RN 74 et la rivière Thassift, à quelques trois kilomètres de la ville de Seddouk.  Ce village fleuri, riche en patrimoine architectural et fort de son passé révolutionnaire, est  aussi connu sous le nom évocateur de Souk El-Abtal.

Ses habitants, accueillant et chaleureux, ont toujours cette volonté de donner vie à leur village. Son environnement fleuri fait de Taghzouyth une enclave naturelle très attrayante. Ce sont toutes ces raisons, et il y en a sûrement d’autres, qui font dire aux habitants que leur village est le plus beau de Seddouk, voire même la vitrine de cette commune. Il est journellement traversé par près d’un millier d’automobilistes, qui empruntent le CW 141 reliant Seddouk à Akbou. Situé sur un petit plateau à l’ombre du flanc abrupt du mont Awanssem, le village est enserré au nord par une étendue de poiriers, au sud par une autre de pêchers, à l’est par des régiments d’oliviers et à l’ouest par l’oued Tassifth qui déroule majestueusement ses méandres. Le visiteur qui s’y rend pour la première fois ne peut s’empêcher de comparer Taghzouyth à un charmant petit village de province, aux maisonnettes imbriquées, construites avec des matériaux locaux et charpentées avec de la tuile rouge, un endroit édénique propice à la détente. Historiquement, cette localité est connue sous le nom de «Souk El-Abtal». Cette appellation qui s’est transmise de bouche à oreille désigne l’endroit, comme le lieu du marché où le valeureux cheikh Mohand Ameziane Belhaddad a lancé son appel au djihad un certain 8 avril 1871 contre l’occupant français. Depuis, l’endroit a été baptisé le «Marché des héros». A la défaite de cheikh Aheddad, l’administration française, pour sanctionner les familles ayant contribué de près ou de loin à l’insurrection, leur avait infligé de lourdes amendes pécuniaires et des expropriations des terres fertiles. C’est à cet endroit aussi, au lieu dit Tlakath, qu’un administrateur venu de Béjaïa, avait réuni les villageois d’Amdoun n’Seddouk pour leur annoncer l’expropriation des terres par l’administration coloniale. 

Une communauté mosaïque...

Le visage orienté vers la montagne d’Achtoug, il tendit les deux mains en horizontal et déclara : « Toutes les terres se trouvant derrière moi sont confisquées et versées au domaine public », qui les distribuera aux colons. A l’indépendance, il a été pressenti pour la construction d’habitations devant réunir en un seul lieu les habitants d’Asrafil qui s’étaient réfugiés un peu partout dans les villages limitrophes d’Amalou et de Seddouk, après que leur bourgade, servant de refuge aux moudjahidine, eut été bombardée par les forces armées françaises durant la guerre de libération nationale. L’idée a été abandonnée pour être ressuscitée durant les années 1970 avec l’avènement des mille villages socialistes, un programme cher au défunt Président Boumediene pour endiguer l’exode rural. C’est dans ce cadre que fut construit ce village de 500 habitants environ qui a accueilli des citoyens venus de différents horizons, formant une communauté mosaïque.  Il y a une dizaine de jours, le wali de Béjaïa, en visite dans la commune de Seddouk, s’est rendu à ce village pour l’inauguration du gaz de ville qui a touché une cinquantaine de foyers. Les habitants étaient ce jour-là très heureux d’entamer une vie plus confortable et plus facile grâce à cette commodité. Le village est doté d’une école primaire et les jeunes ont bénéficié récemment d’une aire de jeux de proximité qui leur permet d’arpenter, balle au pied, une pelouse digne de ce nom, alors qu’il y a quelques temps à peine, ils jouaient sur un petit espace situé dans le lit de la rivière Tassift. Mais ce village était le seul de la commune de Seddouk à ne pas posséder une mosquée. Qu’il pleuve, qu’il vente ou que ce soit sous un soleil de plomb, les fidèles, pour la prière du vendredi, n’ont d’autre choix que de se rendre à la mosquée de la ville. Mais les villageois ont enfin eu gain de cause, un projet de mosquée leur a été accordé et ses travaux viennent d’être lancés. Un projet financé par les dons des particuliers. Néanmoins, de passage dans le village, le visiteur peut constater que les habitants mènent encore une vie difficile, ce que nous confirme Smail, un résident qui a égrené tout un chapelet d’insuffisances dans cette bourgade : «Les jeunes sont désorientés par le chômage et les manques de loisirs. Ils font des petits boulots ou travaillent à la journée sans couverture sociale, pour des salaires de misère. N’ayant même pas de réseau téléphonique pour le raccordement de l’Internet, ils doivent se déplacer à la ville de Seddouk pour surfer sur la toile, risquant à certaines heures tardives d’être volés et agressés». Il nous signalera également une autre carence, qui n’est pas des moindres : «Il y a environ une dizaine d’années, la municipalité a construit des logements LSP qu’elle a livrés sans dotation en énergie électrique. Depuis, les bénéficiaires galèrent, en vain, pour avoir du courant. Ceux qui étaient pressés d’habiter, souvent par nécessité, se sont branchés chez des voisins, les autres prennent encore et toujours leur mal en patience». 

La gadoue en hiver la poussière en été !

Continuant dans la foulée, il a dénoncé l’absence d’un centre de soins : «Nos malades se déplacent jusqu’à la polyclinique de Seddouk, pour la moindre consultation médicale ou une simple injection», a-t-il dit. Ne s’arrêtant pas là, il évoquera l’état déplorable de la grande placette et des ruelles et venelles attenantes, qui n’ont jamais été ni bitumées ni même bétonnées : «Nous souffrons énormément, de la gadoue en hiver et de la poussière en été. Comme nos élus font la sourde oreille à nos doléances, nous avons profité de la visite du wali à notre bourgade pour attirer son attention sur l’état déplorable de la placette et des ruelles de notre village».  Pour conclure, il parlera des pénuries récurrentes  d’eau  dont sont victimes les habitants : «Tout récemment, nos robinets sont restés à sec durant plus de 15 jours. Fort heureusement, notre village a bénéficié, il y a trois ans, d’un aménagement de la source de Thala Oumedjana, dont l’eau a été captée et drainée jusqu’à la fontaine publique du village. Bien que son débit s’amenuise en été, les habitants arrivent à avoir le minimum d’eau. A cela s’ajoute un éclatement de la conduite principale d’assainissement qui n’est toujours pas réparée». Mais ce qui reste en travers de la gorge des habitants, ce sont les actes de propriétés que les autorités refusent de leur délivrer, comme nous l’a déclaré Smail, révolté : «Ce que je ne comprends pas, c’est ce refus de l’APC de nous délivrer des actes de propriété. Beaucoup souhaitent faire des extensions dans un cadre réglementaire mais ils ne peuvent prétendre à des permis de construire pour manque d’actes de propriété».             L.B

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