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7 septembre 2014 7 07 /09 /septembre /2014 15:29
Beni-Djaâd: village de la commune d’Amalou, situé à 1200 métres d’altitude; Un éden en haute montagne

Situé au piémont de la montagne d’Achtoug, sur un plateau qui culmine à quelques 1200 mètres d’altitude, le village de Beni-Djaâd, dans la commune d’Amalou, a de tous temps constitué une halte analgésique, un lieu apaisant où on trouve repos, tranquillité et calme.

Il présente un environnement féerique très apprécié par les amoureux de la nature qui ne s’empêchent pas de faire des randonnées pédestres en escaladant tout un flanc sylvestre où dominent de petites pinèdes à la végétation verdâtre et où plusieurs sortes d’oiseaux y vivent et animent avec leurs chants variés et mélodieux. L’ancien maire d’Amalou des années 70, feu Chenna Ahcène, l’a surnommé Moscou à cause du froid glacial qui sévit en hiver. Ait Radi Chebaine se souvient très bien des cinq ans passés dans ce village, soit de 1984 à 89 où il était chargé d’école et enseignant. C’est lui qui nous a invité à l’accompagner pour une visite de deux heures passées dans ce village où il garde que de bons souvenirs, notamment d’une population accueillante. Mardi passé, il faisait encore chaud à Amdoun n’Seddouk. Pour fuir la fournaise, on a décidé donc de se rendre à Béni-Djaâd à la quête d’une fraîcheur et d’une détente qu’on n’y trouve pas ailleurs dans la région. Un village perché sur une colline couverte de figuiers et d’oliviers.

Entre hier et aujourd’hui, y a pas photo

à 15h, à bord de la voiture de Chebaine, nous avons pris le départ à destination de ce beau village. En cours du trajet, nostalgie oblige, il ne s’est pas empêché de nous raconter le bon vieux temps passé dans ce piton du bout du monde. Alors, on est partagé entre le récit passionnant de notre ami et l’irrésistible panorama fait de verdure à perte de vue qui s’offre à nos yeux et qu’on scrute avec des yeux écarquillés. « J’avais juste 20 ans quand j’ai reçu mon affectation pour rejoindre l’école de Beni-Djaâd comme directeur, un village que je connaissais dés mon jeune âge car j’ai une tante qui y vivait et à qui je rendais visite depuis mon enfance. Une fois, un médecin était venu inspecter la santé des élèves de l’école. Il les a trouvé maigres. De retour, il avait fait part au maire de l’époque, feu Chenna Ahcéne, de la situation qui prévalait dans cette école. Le maire a immédiatement inscrit un projet de cantine pour cette école qui a ouvert ses portes l’année scolaire suivante », a déclaré notre accompagnateur qui continua dans son récit. « A cette époque, Beni-Djaâd était un village qui manquait de tout, ce qui explique d’ailleurs que 60% des familles ont fui leur bourgade pour la grande ville. Les routes étaient au stade de pistes agricoles. Comme infrastructures, il y avait en tout : une école, une mosquée et un pâté de maisons anciennes. Alors, je me rendais en moto et au moment des pluies ou de la neige, qui était fréquente, la moto n’avançait pas à cause de la boue. Donc, il me fallait à chaque fois descendre et continuer à pied tout en poussant la moto. Comme il faisait très froid sur ce point culminant de la chaîne de montagne d’Achtoug, j’ai attrapé une bronchite chronique. J’ai abandonné, donc, la moto pour aller et revenir à pied et de surcroît tous les trois jours je devais prendre avec moi six kgs de viande pour la cantine de l’école. J’étais jeune, je ne ressentais pas la fatigue et j’ai toujours le souci d’arriver à l’heure pour retrouver les potaches qui m’attendaient au portail. Et c’est de cette façon que j’ai passé cinq ans dans ce village. Qu’il pleuve, vente ou sous un soleil de plomb, je n’ai pas droit à l’absence. Une tranche de ma vie que je n’oublierai jamais. Aujourd’hui, étant encore enseignant à Seddouk Oufella, un village pas loin de Beni-Djaâd, il m’était arrivé d’avoir dans ma classe des élèves enfants de mes anciens élèves », a-t-il ajouté. En traversant la ville de Trouna, chef-lieu de la commune de Beni Maouche, le développement est perceptible dans cette région qui a donné un lourd tribut durant la guerre de libération. Aujourd’hui, les populations récoltent les fruits de l’indépendance. Puis nous traversons aussi Tizekht, un village qui porte encore les stigmates de l’incendie qui l’a ravagé au début de cet été, où tout le flanc est noir. La verdure a complètement disparue. A la sortie de Tizekht, un panneau de signalisation indique le chemin à prendre pour se rendre à notre destination. Il nous reste que trois kilomètres à faire sur une route large et bitumée en genre tapis et qui zigzaguait au milieu des régiments de figuiers et d’oliviers. Arrivés à l’entrée du village et au détour d’un virage, nous rentrions à la placette où se retrouvent les villageois. L’émotion a atteint son comble pour nous et l’ancien directeur d’école qui ne croyait pas ses yeux en découvrant le moderne que s’est taillé ce village dans le changement opéré est de fond en comble. « Cela fait une décennie que je n’ai pas remis les pieds dans ce village.

Développement remarquable

Cette bourgade perdue sur les cimes d’une montagne est devenue, en un laps de temps, un éden qui ne manque de rien et où il fait agréablement bon vivre. Avons-nous du bitume, des trottoirs et des bancs dans nos placettes à Amdoun n’Seddouk alors qu’on est tout proche de la ville de Seddouk qui est un chef-lieu de daïra, comme elle en possède Beni-Djaâd aujourd’hui ? La différence c’est que ce village possède des hommes illustres se souvenant toujours de la misère vécue dans leur bourgade. Même vivant ailleurs, ils n’oublient jamais leurs racines et c’est grâce à eux si le village est nanti en infrastructures aujourd’hui », renchérit Chebaine. L’ancien village est encore loin. Nous sommes au centre de la nouvelle ville, dans une placette où est érigée une imposante mosquée. Le long du mur donnant sur la placette des bancs alignés sont occupés par les villageois qui nous ont accueillis avec des sourires chaleureux. A côté, une fontaine où coule H/24 une eau douce et fraîche provenant d’un forage, un commerce d’alimentation porte le nom commercial de Moscou, une appellation donnée à cause des frimas qui sévissaient en hiver. En les informant de l’objet de notre mission qui est une visite de courtoisie et dans l’optique aussi de faire un reportage sur ce village exemplaire de la commune d’Amalou, où les habitants savent se prendre en charge grâce à une organisation parfaite en élisant démocratiquement les notables qui les représentent, c’est Ghanem Mustapha, un habitant et adjoint maire à l’APC d’Amalou, qui nous a été présenté pour nous parler du changement qui a eu lieu dans son village. « Ce développement perceptible n’est pas propre à notre village. Il est presque identique à tous les villages d’Amalou grâce à un P/APC exemplaire, jaloux du développement de sa commune et ce n’est pas par hasard qu’il est reconduit pour la quatrième fois au poste de maire. Moi-même je suis à mon troisième mandat », a déclaré cet enfant fétiche de Beni-Djaâd. Et il enchaîna : « Même si je ne me souviens pas de la guerre d’Algérie, mes parents m’ont raconté que les habitants ont souffert. Notre village fut le poste central des Moudjahiddines dans la région. Il a été choisi pour son isolement et aussi parce qu’il est situé sur une crête où l’on pouvait voir l’ennemi venir quelque soit le chemin emprunté. Quand l’armée française l’a su, elle a délocalisé la population vers le village Seddouk Ouadda et a classé l’endroit zone interdite. Au retour de la population à l’indépendance, le village était un désert. Maisons détruites par les bombes, arbres incendiés. Bonjour l’exode rural. Des familles entières sont, alors, allées vivre à la grande ville. Peu d’entre elles ont résisté au sous développement. Nous nous retrouvons avec 75 chahids. Nous allons construire incessamment un cimetière de chouhada qui est en projet d’ailleurs ». Continuant à égrener d’un chapelet les infrastructures qui ont été réalisées jusque-là, il dira : « Vous avez bien constaté que toutes les routes, ruelles et placette du village sont bitumées alors qu’il y a quelques années, nous marchions encore sur la gadoue. Cette imposante mosquée a été reconstruite il y a quelques années grâce aux fonds collectés. Cette fontaine que vous voyez en face a été aménagée. Elle est alimentée à partir d’un forage et l’eau minérale coule H/24. Nous ne comptons plus sur l’eau des robinets provenant du barrage. D’ailleurs, les habitants sont revenus à l’ancienne mode en s’approvisionnant de cette fontaine ». Ne s’arrêtant pas là, il déserte sur la masse juvénile qui ne s’ennuie plus selon lui. « Nous avons un stade de jeux de proximité où les jeunes se défoulent chaque après-midi. En plein mois de Ramadhan, les jeunes ont organisé un tournoi. Les rencontres qui se déroulaient dans la soirée attiraient même les personnes âgées qui venaient passer le temps. Pour d’autres distractions, l’association locale Tafsouft se charge de leur concocter des activités dans son local de fortune. C’est juste une question de temps et ils auront leur maison de jeunes, un projet que l’APC a déjà inscrit. Pour ce qui est de l’emploi de jeunes, neuf locaux professionnels pour jeunes sont en cours de construction. A leur achèvement, beaucoup de jeunes pensent déjà à la création de leurs propres entreprises. Nous regrettons seulement le rejet de 80 dossiers pour la création d’entreprises agricoles, formulés par les jeunes dans le cadre des actions individuelles du PPDRI, accordées à notre village. Des jeunes voulant investir dans l’élevage ont été frustrés. Seuls les projets rentrant dans le cadre des actions collectives ont été retenues par la commission de wilaya. Les projets réalisés sont les ouvertures de pistes agricoles, le captage des eaux de trois sources, la mise en valeur de 8 has de terre », renchérit notre interlocuteur qui n’a pas omis de parler des projets futurs dont bénéficiera son village. « Le projet de construction d’une annexe administrative est au stade d’un avis d’appel d’offre. S’agissant du gaz naturel, notre village est retenu dans la 2e tranche qui viendra juste après la réalisation du projet de la première tranche dont les travaux viennent d’être lancés. Même un centre de soins est prévu et sa réalisation ne saurait tarder », a abondé l’adjoint maire qui a conclu par dire que son village assure le transport sur Alger même pour les populations des communes de Seddouk et Beni Maouche. « Il y a pas si longtemps, le transport par bus est inexistant dans notre village. Les gens pour descendre en ville s’entassent dans des bennes des pick up. Aujourd’hui, nous avons une flotte de cars qui désenclave toute la région. Deux bus partent sur Alger, un sur Sétif et trois sur Béjaïa », a-t-il conclu. La dernière chute de notre visite fut l’ancien village où la tante de Chebaine réside encore et il a tenu à lui rendre visite. Elles sont quatre familles à rester encore dans l’ancienne bourgade qui n’a rien perdu de son charme. L’ancien bâti a attiré plusieurs cinéastes qui venaient filmer. Ce piton du bout du monde est devenu un paradis grâce aux efforts conjugués entre la population, les élus locaux et l’Etat. Un exemple qui mérite d’être imité par les autres communes. Nous avons terminé notre visite avec un regret de quitter un éden, mais tout en restant dans l’espoir d’y revenir un jour. Nous remercions la population de Béni-Djaâd pour son accueil chaleureux.

L. Beddar

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commentaires

A
merci pour tout le monde
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